Je suis né aux 11 ans. Le jour de mon onzième anniversaire j’accompagnais ma mère et ma maman pour vendre les derniers livres qui nous restaient encore. Moi, je poussais un petit chariot d’œuvre avec une trentaine de livres. Il y avait une édition ancienne des aventures du pirate Barbe Rosse, reliée en cuir rouge, avec laquelle j’ai commencé à faire des voyages imaginaires. Il y avait aussi une édition de « El Quijote » avec des illustrations de Gustave Doré que j’accostumais à suivre avec le mollet du doigt, en parcourant les cannelures. Et une Histoire de la Seconde Guerre Mondiale écrite par des officiers franquistes –Kindelán, par exemple- que je conserve encore.
Quand je suis retourné chez nous et j’ai regardé les étagères presque vides, avec seulement les petites nouvelles de l’Ouest de Marcial Lafuente Estefanía, un volum de la presse sportive ou les BD de mon enfance –on en parlera un autre jour-, je me suis jurementé avec moi-même, en mettant à Dieu par témoin, que je ne me laisserai jamais prendre un autre livre. A partir de ce moment-là, j’ai décidé renverser la situation et je me suis transformé en Robin des Fôrets. Alors, ma vie de voleur vengeur a commencé.
Je préparais des expéditions à « Simago » (à l’actuel « El Corte Inglés » de l’avenue Alphonse le Sage) et aux « Galerías Preciados » (à l’actuel « El Corte Inglés » de l’avenue Frédéric Soto). À « Simago », j’accostumais voler des singles que je cachait sous mes vêtements. À « Galerías », par contre, je volais des livres, au début des petits livres, mais petit à petit, gagné par la confiance de l’impunité, j’ai volé des grands livres, même une Histoire d’Espagne, en trois gros volumes, en papier satiné, relié en cuir marbré. Un petit bijou.
Mais le jour de la catastrophe arriva. Aux 15 ans. J’avais pris une Histoire de l’Inde prébritannique, une autre de l‘Amérique précolombine et un volum avec une sélection d’œuvres de Miguel Mihura. Deux femmes très grandes, aux cheveux blonds et longs, se sont mises aux deux côtés, elles m’ont pris des bras et m’ont démandé de les accompagner. Un homme dont la seule chose que je voyais était la cravate rouge sur une chemise blanche –j’avais une honte telle que je n’osais pas hausser le visage- m’interrogait. Finalement, convencu que je lui avais dit la vérité, il m’a laissé marcher avec la promesse de payer les livres que j’avais pris. Le lendemain j’ai payé ma dette et j’ai décidé pursuivre mon objectif mais, dès ce jour-là, dans la légalité. Aujourd’hui, j’ai autour de 5.000 volums, dont je n’ai lu qu’un peu plus d’un tiers et cet affiche préside ma bibliothèque.
Quand je suis retourné chez nous et j’ai regardé les étagères presque vides, avec seulement les petites nouvelles de l’Ouest de Marcial Lafuente Estefanía, un volum de la presse sportive ou les BD de mon enfance –on en parlera un autre jour-, je me suis jurementé avec moi-même, en mettant à Dieu par témoin, que je ne me laisserai jamais prendre un autre livre. A partir de ce moment-là, j’ai décidé renverser la situation et je me suis transformé en Robin des Fôrets. Alors, ma vie de voleur vengeur a commencé.
Je préparais des expéditions à « Simago » (à l’actuel « El Corte Inglés » de l’avenue Alphonse le Sage) et aux « Galerías Preciados » (à l’actuel « El Corte Inglés » de l’avenue Frédéric Soto). À « Simago », j’accostumais voler des singles que je cachait sous mes vêtements. À « Galerías », par contre, je volais des livres, au début des petits livres, mais petit à petit, gagné par la confiance de l’impunité, j’ai volé des grands livres, même une Histoire d’Espagne, en trois gros volumes, en papier satiné, relié en cuir marbré. Un petit bijou.
Mais le jour de la catastrophe arriva. Aux 15 ans. J’avais pris une Histoire de l’Inde prébritannique, une autre de l‘Amérique précolombine et un volum avec une sélection d’œuvres de Miguel Mihura. Deux femmes très grandes, aux cheveux blonds et longs, se sont mises aux deux côtés, elles m’ont pris des bras et m’ont démandé de les accompagner. Un homme dont la seule chose que je voyais était la cravate rouge sur une chemise blanche –j’avais une honte telle que je n’osais pas hausser le visage- m’interrogait. Finalement, convencu que je lui avais dit la vérité, il m’a laissé marcher avec la promesse de payer les livres que j’avais pris. Le lendemain j’ai payé ma dette et j’ai décidé pursuivre mon objectif mais, dès ce jour-là, dans la légalité. Aujourd’hui, j’ai autour de 5.000 volums, dont je n’ai lu qu’un peu plus d’un tiers et cet affiche préside ma bibliothèque.